Histoire de la soie

Les origines de la soie et de son Introduction au Moyen-Orient

History

Une légende du livre des Odes de Confucius évoque comment, vers 2700 av. J.C., la Princesse Si-Ling-Chi, femme de l’Empereur Huang-Ti, découvrit le secret du dévidage du cocon du ver à soie. Le génie des Chinois fut de réussir à développer l’élevage du ver à soie et de songer à tuer la chrysalide avant l’éclosion du papillon, ce qui permet l’obtention d’un fil continu de 500 à 1000 mètres de long. Ce secret fut jalousement préservé pendant des siècles car, il constituait un fabuleux monopole commercial.

Sous le règne de Cyrus le Grand au VIe siècle av. J.C. ce sont en grande partie les routes du vaste Empire perse qui permettront l’acheminement par caravanes de la soie chinoise brute ou tissée, jusqu’en Phénicie. Donc, la tradition textile du Liban est millénaire. Elle remonte à la célèbre teinture des tissus de soie en pourpre (ourjouan) par les Phéniciens dans les ateliers de Sidon et de Tyr.

L’empereur byzantin Justinien le Grand (527-565) réalise l’importance de trouver les moyens de produire cette précieuse matière première et charge deux moines nestoriens, de lui rapporter le secret. Deux ans plus tard, ces moines reviennent avec une bonne quantité de graines de soie qu’ils avaient cachées soigneusement dans leur canne en bambou. Dès lors, il y eut à Byzance un début de sériciculture et ainsi, la culture du mûrier et l’élevage du ver à soie se développèrent au Liban et en Syrie.

Le prince Fakhreddine II Ma’an (1572-1635), « Le Prince Agronome », développe cette agriculture et installe une industrie basée sur la production de la soie. Ceci, va assurer une certaine autonomie économique à l’émirat du Mont-Liban dans ses échanges commerciaux avec Toscane et Modène. Les ballots de soie étaient rassemblés dans les Kaysarieh (Deir el Kamar) ou khans (Sidon, Tripoli, Beyrouth) prêts à l’exportation. Les tisserands locaux s’approvisionnaient de cette soie appelée “baladi” (du terroir), variété qui donnait une soie jaune de toute beauté. Plus récemment, la réputation du Liban s'est forgée dans la sériciculture, au XIXe siècle. Un savoir-faire développé en partenariat avec l'autre rive de la Méditerranée, en particulier les soyeux de Lyon.

En 1841, Prosper, Nicolas, Joseph et Antoine Fortuné Portalis installent la première filature (kerkhana) pour le dévidage des cocons à Btater dans le caza de Aley. Des équipes de fileuses sont ramenées de France afin d’assurer la formation des jeunes femmes ouvrières (a’milat) qui pour la première fois quittaient leur foyer pour travailler. Une vraie révolution sociale dans ce milieu rural traditionnel. En 1912, dans son livre “L’industrie de la soie en Syrie et au Liban” Gaston Ducousso, consul général de France à Beyrouth, répertoriait 183 filatures au Liban. Il convient de signaler que le transport des cocons ou de la soie du port de Beyrouth vers Marseille à bord des bateaux, étaient à l’origine de la création des agences de transport maritime au Liban. De même, les opérations d’octroi de prêts aux intermédiaires et commerçants pour l’achat de cocons auprès des éleveurs, et qui à leur tour accordaient des prêts aux éleveurs, étaient à l’origine de la création des comptoirs financiers et de l’ouverture de la première banque au Liban.

Cette présence des soyeux français aura aussi pour résultat la création, à Beyrouth même, de la célèbre université Saint-Joseph, filiale à l’origine de l’université de Lyon, ainsi que, la fondation des écoles privées par les congrégations catholiques. La soie aura introduit de la sorte, la langue française au Liban.

A cette époque, la saison de la soie constituait une opération agro-industrielle d’une grande importance pour les Libanais. Chaque famille élevait le ver à soie et cette saison est devenue une tradition, appelée « saison de la gloire ». En effet, cette production représentait 50% du PNB.

Quelques dates importantes de l’histoire moderne de la sériciculture au Liban

1840 - 1912 L’âge d’or de la sériciculture au Liban.
1930 1er congrès séricicole International - Emission de timbres.
1945 Déclin de la sériciculture au Liban.
1956 Fondation du premier office autonome au Liban: l’office de la soie.
1965 2ème congrès séricicole International - Emission de timbres.
1966 Montage d’une usine automatique de dévidage à Kfarchima, importée du Japon.
1975 Saccages des locaux de l’usine de Kfarchima.
1982 Rattachement de l’office de la soie au ministère de l’agriculture.
1983 Suspension des activités de l’office de la soie.
1992 Programme de réhabilitation de la sériciculture au Liban par Robert Karam (FAO).
1994 Saison d’élevage de ver à soie.
1996 Reprise des activités de l’office de la soie: distribution de plants de mûriers +graines de ver à soie.
2000 Récolte de 3 tonnes de cocons.
2001 Inauguration du « Musée de la Soie » à Bsous.
2002

Situation incertaine de l’office de la soie: pas de distribution de graines… Mémoire de soie…


Mona Sader Issa
Musée de la Soie – Bsous – septembre 2008

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