Un Orient de Soie et d’Or

L’Exposition “Un Orient de Soie et d’Or” où les trousseaux des membres de la famille de Georges Antaki, est mise en scène par Jean-Louis Mainguy. Elle est l’invitation à une expérience sensorielle, une immersion dans l’univers magique de la ville d’Alep durant le XIXème siècle. 

Alep, importante métropole de l’Empire Ottoman, était la troisième ville de cet empire après Istanbul et le Caire. Grande cité de rencontre entre l’Orient et l’Occident, lieu d’échange de cultures et de marchandises surtout avec la France et l’Italie, cette rencontre entre deux mondes se tenait dans les caravansérails des souks. 

Souks et caravansérails 

Jean-Louis Mainguy a voulu recréer l’ambiance unique de ces souks situés dans la vieille ville d’Alep, classés au patrimoine Mondial de l’Unesco en 1966. C’est le plus grand marché couvert du monde, avec ses treize kilomètres de labyrinthe qui se partagent entre souks et khans (caravansérails) parmi lesquels :

  • Khan Al Nahhasseen, lieu qui a abrité le consulat de la Sérénissime République de Venise du XVème au XVIIIème et le Souk Al Nahasseen celui des artisans du cuivre. 
  • Khan Al Chouneh, boutiques de l’artisanat traditionnel d’Alep, construit dès 1546.
  • Khan Al Jumrok, centre commercial des textiles.
  • Khan Al Harir, khan de la soie
  • Souk Al Attareen, marché des épices
  • Souk an-Niswan, marché pour les articles féminins.  
  • Le Suweika (Petit souk en langue arabe), khans multiples et marchés spécialisés.

Le Hammam

Alep est célèbre aussi par ses hammams.  Au XIXème siècle, on y comptait encore quelques 150 hammams dont certains remontent au XIVème. Nombreux sont toujours en fonction et ont jalonné sa longue histoire et tout un art de vivre. Dans un décor digne des mille et une nuits, le hammam, dans cette exposition, apparait dans toute sa splendeur avec une vasque en cuivre surplombée par un gigantesque lustre en cuivre et verre soufflé gracieusement prêtés par Serge Nalbandian. De nombreux cadres en bois furent aussi prêtés par lui.  

Les objets du hammam gardent des senteurs d’antan.  Les savons dans leurs précieuses boites, les parfums voluptueux rappelant les routes de l’encens, de l’Arabie Heureuse et de la Phénicie. On y retrouve les sabots (kabkabs) en bois, incrustés de nacre qui évitaient le contact des pieds avec le sol très chaud. Les tasses semblent fumer la cardamone. Les serviettes et les gants de toilettes sont richement brodés. Certaines bokjas, en satin de soie et fil d’or, sont appelées « Donato » en référence à la famille vénitienne, Dona Della Rose, qui s’était établie au XVII siècle à Alep et qui les tissait.  D’autres bokjas, en soie ou velours, sont brodés de fil d’or, le peignoir de bain en éponge de lin rafraîchit le corps après la chaleur du bain. Tout ceci raconte le raffinement d’une famille et d’une époque d’Alep.

La maison patricienne

On quitte le tumulte du souk et du hammam pour se diriger vers l’intérieur des maisons patriciennes d’un Alep d’autrefois. Elles sont richement décorées de textiles aux couleurs chatoyantes et dorées comme les fameux velours de Brousse aux motifs de tulipe si chers au Sultan. D’autres décors rappellent la campagne française, motif traditionnel d’épis de blé, de marguerites, sortis tout droit des catalogues de l’époque et choisis lors des voyages de ces familles à Marseille. 

Des gravures tirées du livre du Dr. Alexander Russel (l’histoire naturelle de la ville d’Alep) servent d’écrin, pour le divan et la chambre à coucher. Afin de personnaliser ce lieu intime, Jean-Louis Mainguy a choisi d’agrémenter de gravures de la ville d’Alep ainsi que des portraits des aïeux de Georges Antaki : les Homsi, les Cubbé, les wakil… 

Diwan salon privé

Les divans et les coussins sont recouverts de satin de soie Donato du XIXème. Le chibouk (longue pipe) à l’embout de corail, d’émail et de vermeil est rehaussé d’un pompon de perles fines.  Posé à côté d’une merveilleuse tasse en porcelaine, tout près d’un narguilé en noix de coco recouvert d’argent avec un tuyau de soie, ces objets évoquent la proximité du maître des lieux. 

Dans des reproductions somptueuses, marquant un décor de grande authenticité, les musiciens traditionnels nous enchantent avec leur rabab (instrument à corde de la famille des luths, utilisé aussi par les femmes), les flûtes et les tambourins. On voit déambuler hommes et femmes, habillés d’abayas de soie, de manteaux de brocards, de capes en cachemire des Indes.

Chambre à coucher

La chambre à coucher est le lieu où l’Orient et l’Occident s’harmonisent délicieusement : literies de Alie Homsi, grand-mère de Georges Antaki, sa robe de mariée et ses robes de bal des ateliers de Madame Borel de Marseille, draps tout en soie brodés à Istanbul à ses initiales, déshabillés vaporeux en dentelle de soie, édredon brodé d’or. Tous les éléments de ce trousseau rivalisent de beauté et de sensualité. 

Cette exposition de la collection de Georges Antaki fait revivre l’opulence d’Alep, à travers les âges, une vie brillante et raffinée qu’on retrouve dans ces tissus chatoyants d’une époque de faste et d’un art de vivre révolu. Jean-Louis Mainguy a su recréer le Beau d’un temps perdu, en lui offrant une frontière contemporaine. Grâce à lui, tous ces habits retrouvent la lumière de leur passé, furtive dans le cœur de ceux qui aiment le rêve. 

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